Daniel Fauville s’intéresse très jeune à la peinture. Il étudie les arts graphiques et publicitaires à l’Institut des Arts et Techniques Artisanales à Namur. Après un diplôme d’agrégé en arts plastiques obtenu à l’I.E.C.T. de Charleroi, il devient rapidement professeur d’arts plastiques dans un établissement d’enseignement supérieur bruxellois. Il expose dès 1972.
En 1976, il fonde le groupe Puzzle avec des artistes de la région de Charleroi tels que Philippe-Henri Coppée, Bernard Josse, Martin Dizaïs, Yves Villers, Ghislain Olivier, Joseph Méli, Giancarlo Romeo…
Daniel Fauville est également fondateur de l’association Antécédence et des Ponts de Sambre. Distingué au Prix de la Jeune Peinture belge en 1985, il représente la Belgique à la 20e Biennale de Saõ Paulo (Brésil) en 1989, avec Pierre Alechinsky, Gabriel Belgeonne et Marc Trivier ; puis à la première Biennale des Arts de Dakar, en 1992. Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections privées et publiques, tant en Belgique qu’à l’étranger.
Dans le choix des thèmes qui jalonnent son œuvre, Daniel Fauville reste fidèle à ses rêves et à ses fascinations d’enfant. Trams, voitures, bateaux, avions, motos s’inscrivent dans des paysages urbains ou sont représentés en gros plan. Son attention se focalise également sur les rues de Charleroi et de sa banlieue : usines, terrils, cheminées, silos, ponts, entrepôts et hauts fourneaux. Si les quelques passants représentés au début disparaissent très vite, Daniel Fauville poursuit sa thématique de départ et ses représentations initiales tout au long de son parcours.
Au milieu des années septante, ses premières toiles (One Way…, 1975) rappellent les artistes de la Figuration narrative française tels que Bernard Rancillac et Gérard Fromanger. Sans quitter sa thématique de prédilection, Daniel Fauville abandonne, dès la seconde moitié des années quatre-vingt, les aplats impeccables pour une peinture plus libre, moins figée (Première pause, 1985). Les couleurs fauves s’imposent et les coups de pinceaux sauvages produisent un effet moucheté sur les représentations en partie détaillées et abstraites (Couleur d’un pays noir, 1987). Peu à peu, les rues et les ciels disparaissent jusqu’à l’épuration. Les formes utilisées, d’abord pour leur silhouette, sont peu à peu décantées, cernées, schématisées. Tout en restant figuratives, elles offrent une synthèse du motif et flottent dans l’espace de la toile. Ces formes simples et universelles en deviennent des pictogrammes et apportent une charge symbolique à l’œuvre.
Progressivement, et sans jamais abandonner la peinture, Daniel Fauville opère un passage à la tridimensionnalité. Il travaille la fonte à l’état brut et invente une technique à base de frigolite perdue, simple et peu onéreuse. Ce matériau, qui se couvre de rouille et rappelle les couleurs chaudes et chatoyantes utilisées en peinture, correspond à une matière brute coulée dans les usines sidérurgiques de sa région. Les usines, les fabriques et les cheminées (auxquelles viendront s’ajouter les châteaux forts, les temples et les mosquées) apparaissent tels des artefacts témoignant de la sueur des hommes travaillant le métal en fusion dans les hauts fourneaux. Travaillées conjointement et en complémentarité, les œuvres peintes et sculptées s’influencent réciproquement, l’une ne primant jamais sur l’autre.
Après une période d’épuration totale allant jusqu’à l’empreinte en négatif blanc sur blanc dans la matière (Composition blanc sur blanc, 1992), Fauville revient à la couleur et à la liberté du trait au milieu des années nonante (Bâtisse jaune, 2004). Autrefois imprégnée de réalisme, l’œuvre de Daniel Fauville évolue de plus en plus dans le sens d’une abstraction fondée sur les signes. Les objets représentés sont toujours reconnaissables par leurs contours mais c’est néanmoins le caractère de la forme qui domine. En 1993, il participe au projet d’échanges d’artistes belges et allemands « TRANSFER ».