Jeremy Deller suit des études en histoire de l’art au Courtauld Institute of Art à Londres où il se spécialise dans la peinture italienne du XVIIesiècle. Il poursuit par un Master à l’Université du Sussex où il fait une thèse sur les Teddy Boys. Cette sous-culture de la classe ouvrière britannique dans les années 50 est liée au rock n’roll américain. Cela marque les prémices de ses futures préoccupations. En 1986, il rencontre Andy Warhol et séjourne pendant plusieurs semaines à New-York au sein de la Factory. Cette expérience marquante construit l’éducation artistique qu’il n’a pas eue. Au début des années 90, il réalise ses premières œuvres.
Il crée des slogans pour des t-shirts tels « My Booze Hell » ou « My Drug Shame » pour le magasin branché « Sign of Times » dans le quartier de Covent Garden de Londres. Vendeur occasionnel de la boutique, il côtoie un univers jusque-là inconnu de lui dans lequel se côtoient créateurs, musiciens, etc.
Jeremy Deller est à l’initiative de sa première exposition personnelle en 1993, présentée dans la maison de ses parents partis en vacances. Intitulée Open Bedroom, elle évoque un cabinet de curiosités pop où, comme dans les chambres d’adolescents, ses productions sont punaisées au mur. Porté par un autre versant de l’art, Jeremy Deller ne s’identifie pas aux Young British Artists. Ses principales influences artistiques sont Paul McCarthy et Mike Kelley. Son intérêt l’amène à collecter des images et des objets de ceux qui s’inscrivent en marge de l’Histoire. Il nourrit une grande passion pour la dimension sociale de la musique pop, les rituels et le processus d’identification des fans. Ainsi, son travail se porte sur les formes populaires de la culture, sur l’histoire d’individus ou de groupes sociaux sur lesquels l’artiste se documente en privilégiant leurs modes de représentations. Sa démarche artistique s’affirme dans un refus de distinguer basse et haute culture et favorise l’héritage de groupes folkloriques, de réseaux contestataires, de minorités culturelles, de fan-clubs, de tribus underground, etc.
En 1997, Acid Brass marque le premier projet collectif de sa carrière par lequel il demande à une importante fanfare ouvrière d’adapter des morceaux d’acid house. Il initie ainsi de multiples projets interdisciplinaires axés sur les talents et capacités d’autres personnes, dont The Battle of Orgreave(2001) est le parfait exemple. En faisant appel à des protagonistes de l’époque, il reconstitue l’une des confrontations les plus violentes et les plus importantes de la grève des mineurs de 1984-1985. Celle-ci marque la fin de l’industrie minière en Grande-Bretagne et apparaît comme le symbole de la victoire du néo-libéralisme sur les organisations syndicales. En 2004, Jeremy Deller reçoit le Turner Prize pour Memory Bucket, un documentaire sur la ville natale de Georges W.Bush. La Hayward Gallery organise, en 2012, Joy in People, sa première exposition rétrospective.