Black Stadium (« Stade Noir ») désigne le principal stade de football de Raqqa, en Syrie, nommé ainsi en raison de la pierre sombre utilisée pour sa construction. Au gré de soubresauts de l’histoire du pays, la signification de ce nom a radicalement changé car ce stade est devenu, un temps, le quartier général de l’organisation terroriste État Islamique, se transformant en lieu de détention et d’exécution.
Au moyen des techniques de time-lapse et d’imagerie aérienne, Marcin Dudek capture l’évolution de ce lieu chargé d’histoire, créant une constellation de carrés blancs qui rappellent les habitations syriennes. Les différentes couches temporelles de l’enceinte sportive se superposent, illustrant les bouleversements tragiques qu’elle a traversés, entre football, violence et répression. L’utilisation de bandes de ruban médical brut, telles des cicatrices sur la scène, évoque le processus de guérison, en écho aux luttes de la région pour se reconstruire après le chaos.
L’œuvre traite du désenchantement, des ravages de la guerre civile et de la barbarie, en fusionnant l’univers sportif avec les horreurs de la guerre. En mêlant l’intensité de l’entraînement athlétique à celle de la violence, Dudek associe la jouissance sociale et physique du sport à un spectacle macabre, où les plaisirs de la compétition et de la camaraderie se confondent avec une réalité sordide. Cette juxtaposition fait résonner un univers effrayant qui pourrait être vu comme un simulacre de divertissement pour des foules avides de violence.