Guidée par les principes de métamorphoses qui font écho au cycle perpétuel de la vie, Sylvie Pichrist pratique la performance. Se mettant en scène avec autant d’ironie que de poésie, elle souligne la fragilité et les limites du corps face à la nature. Elle défie l’équilibre et se place sur un fil, tendant toujours vers une chute imminente, contenue, à venir.
A Nazaré, au Portugal, là où les vagues de l’océan peuvent atteindre 35 mètres de haut, Sylvie Pichrist, munie d’une table et d’un carnet, tente de dessiner. Tel un Sisyphe, elle s’acharne à cette tâche. Même lorsque son carnet, tombé à l’eau, est emporté par les vagues. Même lorsque la table se brise et se renverse. Elle rappelle La pluie, performance de Marcel Broodthaers qui, en 1969, assis dans son jardin bruxellois, sous une pluie torrentielle, tentait d’écrire un “ projet pour un texte ”. L’eau, à la fois source de vie et destructrice, rend l’écriture (ici, le dessin) impossible. Toute œuvre est-elle une entreprise hasardeuse ? Tout projet artistique est-il voué à l’échec ? Sylvie Pichrist en souligne le caractère changeant et insaisissable. Une fois l’action passée, elle expose les débris de sa performance comme une mise en abyme. Le dessin est devenu sculpture, exalté comme objet plastique.