Artiste délibérément multidisciplinaire, ORLAN diversifie les techniques et les supports afin d’explorer les questions liées à l’identité féminine, en transgressant la vision occidentale du corps, telle que l’a notamment construite la tradition chrétienne.
Elle réalise ses premières performances au milieu des années 1960, utilisant son corps comme matériau sculptural. Celui-ci devient alors, selon ses dires, “ le lieu d’un débat public ”, tandis qu’elle se pose en figure prépondérante des pratiques artistiques féministes européennes. Au milieu des années 70, avec ses grandes séries d’autoportraits en madone, elle réinvestit le répertoire iconographique chrétien : elle s’approprie les figures féminines religieuses traditionnelles et les jeux formels afférents, leur imposant un nouveau contenu davantage libertaire et égalitaire. Dans cette photographie, ORLAN apparaît drapée, transfigurée, en Sainte-Vierge, ne montrant que mains et visage, pour devenir une sculpture de marbre blanc. Le Bernin, considéré comme le double exubérant du classicisme, est ici présent ainsi que l’audacieux baroque et sa théâtralité qui laissent libre cours à tout un imaginaire.