Le travail de Laurence Dervaux est centré sur le corps humain dont elle cherche à formaliser la grandeur autant que la fragilité. Mais le corps n’est jamais montré de manière frontale. Il est plutôt suggéré, détourné au travers d’un registre de signes et de formes. Fluides vitaux, organes ou encore ossatures sont transposés en de vastes dispositifs, aussi fascinants qu’inquiétants, que le regard, peu à peu, précise ou interprète. Ses œuvres révèlent la mise en scène d’un jeu subtil entre l’évocation d’une forme, son pouvoir d’attraction et la réalité de ce qui est montré.
Son installation est composée de 750 réceptacles en verre (vases, bonbonnières, flacons, fioles, tubes, éprouvettes, …) remplis au total de 428 litres d’eau colorée à l’aide de pigments rouges. Ce nombre de litres correspond à la quantité de sang pompé par le cœur humain en 1 heure et 28 minutes. Par son éclat, ses différentes tonalités de rouge et les jeux de reflets lumineux, l’installation dégage une aura de préciosité mais également une impression d’équilibre délicat puisque conçue comme un château de cartes. Loin de notre être social, l’installation donne forme à un aspect éminemment vital de la mécanique de nos corps. L’imposant volume de liquide nous fait prendre conscience de ce qui nous maintient en vie et matérialise notre fragilité.