Artiste touche-à-tout, Priscilla Beccari s’exprime par la vidéo, la sculpture, l’installation, la photographie, la performance, le dessin et également la musique avec Mono Siren, un duo expérimental électro disco funk. D’inspiration surréaliste, son œuvre est composée de rencontres incongrues entre des objets organiques, architecturaux et triviaux interrogeant la féminité, l’espace domestique, le corps, la sexualité et la porosité entre le masculin et le féminin.
Avec ironie et dérision (et parfois avec une dose d’humour noir), elle s’inspire des fables et des contes populaires. Elle enchaîne et articule différents éléments entre eux ; ses affects, ses souvenirs, ses tourments, comme les parties d’une longue phrase visuelle, procédant par métonymie et par métaphore pour produire des saynètes cruelles et désenchantées. Ses dessins de grand format sont souvent réalisés sur un support négligé, malmené, ce qui accentue la fragilité des corps et des figures représentés. Dans Siège-enfant à quatre jambes, deux jambes dans un pantalon rose et deux pieds vernis s’échappent d’un fauteuil cossu où un corps semble affalé car épuisé. Le carrelage en damier noir et blanc, les plinthes et les murs laissent deviner un intérieur bourgeois mais vide. Priscilla Beccari montre un corps désarticulé, greffé à un objet qui évoque le repos, le foyer mais également la captivité, l’épuisement, dans une saynète truffée d’ambiguïtés explorant le rôle social, culturel et politique de la femme.