Telejournal V présente une juxtaposition saisissante de portraits d’hommes, d’origines et d’âges divers, issus de différentes forces et groupes armés, recouvertes sur des assiettes décoratives, à l’ornementation stéréotypées. Ces figures, représentées au repos, au garde-à-vous ou en train d’exécuter un ordre (viser, tirer), sont souvent masquées ; leurs visages dissimulés par des casques, des cagoules ou des masques. Leurs attributs varient, allant du drapeau à la moto, du chien à la trompette. Parfois, quelques éléments en gros plan viennent ponctuer cette accumulation d’images de soldats : un hélicoptère, des moutons (évoquant la stratégie militaire du "saute-mouton"), ou encore des mouches et des crânes, symboles de violence et de mort.
Détournées de leur fonction initiale d’information, ces images de conflits deviennent des motifs décoratifs. Ainsi, les combats s’invitent dans l’univers domestique et sont assimilés à un simple élément de décoration, relégués au même rang que des objets de loisir. Réalisées en porcelaine, ces assiettes rappellent la richesse ornementale de la faïence de Delft, célèbre production néerlandaise du 17e siècle. Leur surface lisse et brillante contraste puissamment avec la gravité du sujet qu’elles véhiculent, créant une tension entre la beauté de l’objet et l’horreur de la guerre. L’œuvre pointe ainsi la transformation de l’information en divertissement par les médias de masse, où les guerres se métamorphosent en spectacles auxquels assistent passivement des spectateurs devenus consommateurs.