Si Peter Wächtler alterne différents médias (films, textes, céramiques, sculptures, dessins au fusain et au stylo et pièces sonores), il est avant tout un conteur et un écrivain. Ses œuvres renvoient à des éléments tirés de la dramaturgie, tels que la mélancolie, le nihilisme, le pathétisme, l’humour ironique ou satirique ou le romantisme. Il parle des évènements du quotidien, de ses propres expériences et de ses observations, qu’il mélange avec des références de la culture pop, du cinéma et de l’histoire de l’art au point que le spectateur est souvent pris de doute quant au caractère fictif ou réel de ses œuvres.
Ses récits mettent en scène la fragilité de la vie quotidienne : des protagonistes embourbés dans la mélancolie et l’ineptie, une profonde dépression morale et culturelle liée à l’idée de progrès et au capitalisme. Ici, Peter Wächtler met en scène l’isolement et le désespoir : un vieillard sans abri assis près d’un feu, la tête dans les mains, se plaint d’être le souffre-douleur d’un groupe et énonce ses malheurs sur un ton plaintif. L’exagération volontaire comme l’humour pince-sans-rire contribuent à créer une tension inconfortable entre la distance éprouvée face à la scène et l’identification qui se tisse avec le personnage. A la fin du film, le vieil homme se dresse, hurle comme un loup, tombe à genoux et plante sa tête dans le feu.