Acceptez-vous l'utilisation de cookies pour vous assurer une meilleure expérience sur notre site web ?

Voir plus

Frédéric Lefever1965 (BE)

Frédéric Lefever étudie la photographie au 75 , l’Ecole supérieure bruxelloise des Arts de l’Image. A la fin des années 1980, il s’installe en France, dans le Nord-Pas de Calais, où il reprend le magasin du photographe Kasimir Zgorecki, grand-père de sa compagne. Il y découvre plus de 4000 négatifs sur verre réalisés par l’ancien mineur, émigré polonais devenu photographe. Pendant cinq années, Frédéric Lefever restaure ces nombreux négatifs des années 1930 : clichés de portraits de famille, de devantures de commerce, de scènes de cérémonie, etc. La technique de Zgorecki, vision neutre, simple et frontale, va profondément influencer Frédéric Lefever. Cette recherche de précision et ce regard distancié vont s’intensifier lorsqu’il découvre le travail de l’artiste français Eric Poitevin. A l’instar de ce dernier, Frédéric Lefever photographie les lieux post-industriels de son paysage quotidien du Nord, comme autant de reproductions exactes, précises et colorées.

Dès 1994, l’architecture s’impose comme objet central des photographies de Frédéric Lefever. Le cadrage est serré, sans relief ni profondeur. Il utilise une chambre photographique qui lui permet d’obtenir une image redressée et offre des tirages d’une grande précision. Il recadre ensuite ses photographies afin de ne garder que l’essentiel, c’est-à-dire les formes, les lignes et les couleurs qui ont un sens dans la composition. Le format final est quant à lui déterminé par le sujet représenté ; l’artiste refusant de systématiser les grands formats.

En 1997, sélectionné par le jury de l’Académie française, Frédéric Lefever entame une résidence d’un an à la Villa Médicis, à Rome. Il y réalise une série sur les stades de football et une autre révélant les carcasses d’habitations inachevées de Sperlonga, ville fantôme située au sud de Rome. Dans cette seconde série, il s’attache à la structure de la construction, conçue selon le principe de la maison dom-ino[1]de Le Corbusier. Contrairement aux autres images de l’artiste où le paysage est repoussé dans les contours de la photographie par l’habitation, il apparaît ici pleinement, toutefois quadrillé par la structure du bâtiment.

Les grandes architectures historiques et célèbres ne font pas l’objet de l’attention de Frédéric Lefever. Il choisit de photographier des bâtiments que l’on pourrait croire sans importance mais qui, à ses yeux, portent en eux une marque particulière qui les singularise. Sous l’apparente froideur et la neutralité feinte de ces architectures désertées, l’artiste se plaît à souligner des « moments » de vie humaine. Ses photographies sont des portraits de gens invisibles, qu’il nous faut inventer à partir de cette expression de soi-même qu’est l’habitat.

[1] Dès 1914, Le Corbusier s’intéresse au problème du logement social et crée un procédé de construction industrielle par éléments structurels combinables. Ce système nommé Dom-ino (du latin domus – la maison - et du mot innovation) évoque le jeu de dominos dont on associe les pièces les unes aux autres comme on pourra articuler les uns aux autres les éléments préfabriqués du système. Le principe de ces constructions en béton se résume à une simple trame de poteaux portant des planchers et reposant, pour toute fondation, sur de simples dés.