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Jacques Lizène1946 (BE)

Alors qu’il étudie le dessin et la peinture murale à l’Académie royale des Beaux-Arts de Liège, où il recevra les prix Claude Liard et Watteau, Jacques Lizène se distingue déjà par son arrogance et son franc parler. A 23 ans, cet artiste décide de se faire vasectomiser, opération qu’il nomme "sculpture interne", résistant ainsi à l’instinct de reproduction et au "jeu des générations". Plus tard, la Vasectomie devient une chanson de son Minable Music-hall et Lizène s’en sert dans des performances ou des versions parodiques comme lorsqu’il sort de sa braguette des légumes oblongs qu’il hache ensuite avec frénésie.


En 1970, il se définit comme "Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle" et "Artiste de la médiocrité". Prenant le contre-pied des valeurs occidentales, il décide de pratiquer un "art sans talent", de tendre vers la "nullité" ; il qualifie ses démarches de "sans-importance" et crée l’Institut de l’Art stupide. Pour Jacques Lizène, il s’agit de traiter l’art "noble" par la dérision, de lutter contre ce qu’il nomme "l’impérialisme du talent" et de saboter l’art de l’intérieur, avec cynisme et irrespect. Il découpe et mélange les styles, cultive la surenchère, incarne le politiquement incorrect, le trivial et le grotesque afin de mettre à mal les convictions et règles convenues qui régissent le système de l’art.

Son œuvre est une série d’actes, exécutés avec légèreté, mais d’une grande cohérence dans les thèmes (l’usine, la brique, la cheminée, le sexe, la génétique, la peinture rupestre, le jeu avec les médiums), les attitudes (la gestuelle de pantin, le sourire édenté, le rire sarcastique et nasillard), les formules ("Encore raté !") ; mais aussi par le recyclage incessant qu’il fait de ses propres réalisations (et quelquefois, celles des autres) : des Remakes d’œuvres et d’idées sans cesse ressassées.

Jacques Lizène réalise des toiles semi-figuratives, des toiles "néo-rupestres" et des "petits dessins médiocres". Il entasse, en vrac, cadres et châssis afin de se moquer des procédés picturaux traditionnels. Suivant l’idée qu’il est son propre tube de couleur, il peint avec sa matière fécale en contrôlant systématiquement ce qu’il mange pour obtenir la couleur désirée. Il élabore des "Sculptures nulles" et des architectures foireuses, molles et bancales. Ses créations sonores comprennent des aboiements de chiens ou consistent en l’installation d’une bétonnière en mouvement remplie de billes qui s’entrechoquent. Il écrit des chansons absurdes (La banane n’est pas l’ananas) et filme ce qui est ordinairement négligé ou méprisé par les codes cinématographiques (par exemple, d’interminables travellings de bordures de trottoirs). Il pratique l’Art syncrétique (ou génétique), greffes improbables et hybrides de visages humains et animaliers, de sculptures africaines et antiques, de différentes cultures et époques. Tout cela, dans un dérèglement généralisé des formes naturelles et culturelles habituellement convenues.