Michel Frère a fait ses études à La Cambre (ESAV-Bruxelles) en photographie. Pourtant, son travail artistique s’est déployé dans plusieurs disciplines : la peinture, le pastel, la sculpture ou le dessin. Attiré par le matiérisme, ses tableaux sont constitués d’une couche généreuse de peinture à laquelle sont mêlés du sable, du plomb ou des cendres. Dans la matière, grattée par endroit, des scènes peuplées de divers objets (tables, chaises, caisses, toits) apparaissent et forment une composition dominée par des verticales, des horizontales et des obliques. Ses premières grandes toiles datent de 1985 et on y décèle des affinités avec certains peintres allemands dont il admire le travail comme Markus Lüpertz, Sigmar Polke, Anselm Kiefer ou Georg Baselitz.
Vers 1988, Michel Frère entame ses églomisés, tableaux dont la vitre du cadre est peinte. L’artiste gratte une partie du verre afin de laisser surgir une forme par laquelle on perçoit la matière posée sur la toile. Ces œuvres indiquent les nouvelles préoccupations de l’artiste centrées sur la matière non plus comme support mais comme sujet. Suite à ses verres peints ne laissant qu’une partie de la matière se révéler, il réalise d’imposants tableaux ronds dont la palette se limite aux ocres, au blanc et au noir. Dans ceux-ci la matière est fort travaillée, elle s’épaissit et plus aucune référence figurative ne subsiste. Ces œuvres sont revêtues d’une vitre, véritable constante chez l’artiste qui accorde une place importante à l’aspect brillant que donne le verre au tableau.
Suite à ce travail, Michel Frère aborde sa peinture avec une nouvelle gamme de couleurs plus contrastée. Il est passé, depuis 1986, de l’acrylique à la peinture à l’huile et entreprend, aux débuts des années 90 des œuvres faites d’importants empâtements où les multiples couches de peintures envahissent l’ensemble de la toile et révèlent une grande densité de matière. Ses peintures résultent d’un processus que l’artiste définit comme une accumulation infinie d’erreurs et de désillusions. Il réalise également des sculptures en bronze selon un procédé similaire où la masse informe s’apparente à l’accumulation de la matière dans ses peintures. Michel Frère n’a jamais cherché à être à la mode et questionne par son œuvre l’histoire de la peinture. En 1995, Laurent Busine lui consacre son unique grande exposition personnelle au Palais des Beaux-Arts de Charleroi.