Nadine Hilbert & Gast Bouschet1961 (LU) et 1958 (LU)
Nadine Hilbert et Gast Bouschet commencent à collaborer dans les années 1990. Multidisciplinaires, ils privilégient néanmoins l’image en mouvement et le son pour donner forme à des travaux complexes qui se situent selon leurs propres mots entre l’art et la sorcellerie. Celle-ci étant envisagée comme une nouvelle forme d’art politique à instaurer.
Ils parcourent le monde entier et se servent des images qu’ils capturent comme d’un commentaire qui vise à questionner autant qu’à témoigner des mutations économiques, sociales, politiques et culturelles de notre époque.
En 1992, les installations Death is the seed from which I grow et the plasma of the earth abordent à la fois la construction et la destruction, le macrocosme et le microcosme, au travers de matières brutes, résiduelles ou organiques, qu’ils photographient. Le duo d’artistes tente de repenser l’univers en utilisant les éléments qui le constituent. L’expérience subjective de la réalité du monde est mise en œuvre dans la série Echoes (1995). Les artistes y opposent la matière vivante à la matière minérale tout en faisant apparaître des analogies, par exemple entre un trou et une déchirure. En 1997, la série Natiirlech¹ en noir et blanc révèle des lieux dans la nature où l’intervention humaine est perceptible. Le mélange de photographies d’une forêt vierge du Montana avec des images du zoo de San Diego aborde alors deux aspects de la domestication de la nature par l’homme.
Lors de la 53e Biennale de Venise, en 2009, Gast Bouschet et Nadine Hilbert représentent le Luxembourg avec Collision Zone. L’installation immersive propose enregistrements sonores et images provenant des régions frontalières de la Méditerranée afin d’aborder l’immigration et plus précisément la crainte de l’Europe d’une immigration massive. Il dénonce, comme dans de nombreux autres projets, l’anthropocentrisme occidental en questionnant les notions de frontière et de limites, qu’elles soient corporelles, sociales, animales ou humaines.
Depuis 2011, fascinés et influencés par la contreculture, ils participent au mouvement Black Metal qui constitue pour eux l’expression la plus radicale contre l’establishment culturel. Ils collaborent avec d’autres artistes et intellectuels, regroupés autour de Amelia Ishmael, à la tentative de théorisation du Black Metal². Dans cette lignée, ils créent, en 2013, Tempestarii une installation immersive accompagnée de performances lives pour laquelle le guitariste américain Stephen O’Malley a joué lors de la première présentation de la pièce.
1. Cette série est aussi appelée Outgrowth 2. FRANCK, Yannick, « Gast Bouschet : « L’art pourrait jouer un rôle de taille dans la création d’une nouvelle conscience » », in : flux news, n° 57, janv-fév-mars 2012, p.31.