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Emilio LOPEZ MENCHERO Cap Max BPS22 2016
Emilio LOPEZ MENCHERO Cap Max BPS22 2016 detil

Emilio Lopez-MencheroCap. Max., 2001

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Emilio Lopez-MencheroCap. Max., 2001

Cap. Max. est une œuvre aux multiples entrées et aux nombreux développements. En 1996, le premier déploiement est réalisé à la Galerie Observatoire¹. En amont à sa concrétisation, un questionnement : que signifie la production d’un objet dans un monde saturé ? Auquel vient se greffer deux références architecturales : Ernst Neufert et Adolf Loos. Le premier a rédigé "Les éléments des projets de construction"² en 1936 dans lequel il met en place une série de normes élémentaires comme celle régissant le volume humain maximal toléré pour les espaces publics réduits tels les ascenseurs. Cette capacité est de six individus au m² illustrée, dans l’ouvrage de Neufert, par des personnages schématisés vus du haut. López-Menchero est fasciné par cette représentation qu’il agrandit à l’échelle 1/1. Elle évoque alors les trames de Roy Lichstenstein ou le chat de Geluck. Quant à Adolf Loos, il défend dans "Ornement et Crime"³ un total dépouillement dans l’architecture moderne. Ainsi, l’artiste dans une rationalisation à outrance de l’espace fait de Cap. Max. "un crime d’ornement tatouant l’espace de sa fonction première : l’occupation humaine"⁴.

Cette installation contient des enjeux liés à l’art conceptuel, à l’immatérialité de l’œuvre, à la figuration, au all-over ou encore à la white box, mais évoque également des faits historiques et sociaux. Dans son deuxième déploiement (en 2002), le tapis vinyle recouvre le sol d’une semi-remorque et se prolonge, à l’extérieur, sur la bâche du camion. Les personnages sans visage, inspirés de Neufert, apparaissent aussi en coupe et non plus seulement en plan. L’intervention illustre alors la capacité humaine transportable et fait directement référence à l’immigration clandestine. Cette volonté de normer l’espace, de le maîtriser scientifiquement pour pousser au maximum son efficacité, peut aussi rappeler, lorsque l’artiste intervient dans une pièce confinée, les chambres à gaz⁵.

L’artiste fournit le vinyle adéquat pour l’espace à investir et sa fonction peut ainsi être assimilée à celle d’un marchand de tapis. De nombreux déploiements de la pièce ont été réalisés, notamment un plan du BPS22 pour l’exposition Panorama, en 2016.

Il s’agit aussi de la première pièce d’Emilio López-Menchero faisant référence à Ernst Neufert. En s’inspirant des esquisses de l’architecte, l’artiste reprend le dessin. Comme l’image de Tintin que López-Menchero a copié pendant toute son enfance, les personnages sans visage de Neufert sont issus de la ligne claire. L’artiste se réapproprie ce langage graphique et les hommes sans visage uniformisés de Neufert deviennent pour lui un vaste champ d’expression pour les spectateurs.

1. Située dans la commune d’Uccle (Bruxelles), elle est la dernière maison moderniste d’Henri Van De Velde.
2. NEUFERT, Ernst (1900, Freyburg (DE) – 1986, Rolle (CH)), Les éléments des projets de construction, Paris, Dunod-Le Moniteur, 2014.
3. LOOS, Adolf (1870, Brünn (CZ)- 1933, Vienne (AT)), Ornement et Crime : et autres textes ["Ornament und Verbrechen"], Paris, Payot et Rivages(Coll. "Rivages poche / Petite bibliothèque"), trad : Sabine Cornille et Philippe Ivernel, no 412,‎ 2003.
4. BERGILEZ, Jean-Didier, GUYAUX, Marie-Cécile, PATTEEUW, Véronique (dir.), Emilio López-Menchero. Alles ist Architektur, Bruxelles, CIVA (Coll. Jeunes Architectures), A16, 2007, p.42.
5. Dès 1938, Ernst Neufert a rejoint Albert Speer afin de rationaliser et de standardiser l’architecture allemande. Ce dernier a été l’architecte en chef du régime nazi et a également sous le Troisième Reich occupé le poste de ministre de l’armement et de la production de guerre.