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Glen BAXTER Michels

Glen BaxterMichel's omelettes quickly became the talk of, 1996

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Glen BaxterMichel's omelettes quickly became the talk of, 1996

Au premier coup d’œil, on a l’impression de feuilleter des recueils d’illustrations tirés de romans d’aventure pour enfants des années 1930, entre Jules Verne et la Bibliothèque Verte. Ensuite apparaissent des erreurs : le trait est maladroit ; le style, suranné et il y a de nombreuses confusions dans les rapports d’échelle, de représentations et d’époques. Influencé par l’histoire du dessin d’humour, et particulièrement l’école américaine du « New Yorker » [1], Glen Baxter trouble volontairement le lecteur. Faussement naïfs, ses personnages se révèlent tels des stéréotypes : le cowboy avec son colt et ses bottes à éperon, le scout avec son pantalon de golf, l’explorateur en casque colonial, etc.

Associés aux dessins, des dialogues décalés, méticuleusement typographiés, font soudain basculer le sens de ce qui est montré, suscitant le doute, l’interrogation et le rire. Ces textes, versions absurdes d’extraits de romans d’aventures élaborés avec soin par l’artiste, sonnent remarquablement à l’oreille (particulièrement en anglais). Le caractère comique des légendes tient de la sonorité des mots, de leur répétition dans des contextes inattendus mais aussi du choix de mots polysémiques et donc ambigus. Ce jeu entre l’image et le texte rappelle les œuvres de René Magritte, dont le titre des tableaux ne devait avoir aucune relation avec le sujet représenté, les livres de Raymond Roussel, dont l’artiste revendique l’influence, ou encore les albums de collages de Max Ernst qui déjà s’emparaient d’illustrations étranges et les projetaient, après quelques ajouts ironiques, dans un univers absurde.

Héritier des surréalistes, Glen Baxter s’inscrit également dans la tradition d’un certain «nonsense» britannique dont on pourrait retracer une généalogie allant du « Book of Nonsense » [2] d’Edward Lear en 1846 aux ouvrages de Lewis Carroll, en passant par la série télévisée Monty Python Flying Circus. Ce type d’humour, où le sens est absent, fait son apparition au 19ème siècle en Angleterre et est vue comme une critique du capitalisme. On retrouve cette vision du monde dans les dessins de Glen Baxter. Une certaine fascination pour l’échec et les bizarreries de la vie en société où des personnages, simples d’esprit, inadaptés ou simplement « hors du coup », tentent désespérément de se confronter à des conventions sociales improbables.

Sans appartenir à cette famille, l’œuvre de Glen Baxter entretient des relations évidentes avec la bande dessinée.

Ici, chaque vignette fonctionne de manière autonome, comme autant de fragments d’une histoire existante qu’on peut toujours tenter d’imaginer. Qu’il s’agisse de deux hommes cachés pour observer des habitations éclairées depuis l’autre rive d’un lac (« Occasionnellement, nous avions la permission de regarder la télévision à l’hôtel de l’autre côté de la baie ») ou d’une femme cassant un œuf sur une enclume pour préparer une omelette, personne ne connaît jamais ni les tenants ni les aboutissants des histoires proposées.

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[1] Créé en 1925, The New Yorker est un magazine hebdomadaire américain, concentré du style et de l’humour new-yorkais, en particulier dans ses cartoons subtils et désopilants. Ses reportages au long cours, ses analyses politiques, ses critiques et ses fictions en font le magazine favori des intellectuels américains.
[2] En 1846, Edward Lear, écrivain et illustrateur anglais, publie A Book of Nonsense, un recueil de poèmes humoristiques qui connaît trois éditions successives et qui contribue à populariser ce genre poétique, le limerick (poème humoristique, à l’origine en anglais, de 5 vers rimés, de caractère souvent grivois, irrévérencieux ou irréligieux, déjà fortement ancré dans la tradition populaire britannique.