Artiste belge majeure, Marthe Wéry s’efforça, tout au long de sa vie, de repousser les limites de la peinture, de se renouveler sans arrêt, passant des études géométriques au minimalisme, des monochromes à la peinture radicale.
Au début des années 90, elle crée des tableaux autonomes qui ne s’inscrivent plus nécessairement dans des séries. La tension entre la structure et le format se rejoue sur la surface texturée du tableau, d’abord panneaux de bois, parfois de PVC, puis d’aluminium. Elle développe de nouvelles manières de peindre: la couleur est versée sur les tableaux, posés dans des bacs, et est dirigée par l’inclinaison du panneau et/ou par un ventilateur qui accélère également le séchage. Un jeu incroyable de textures et de nuances chromatiques se forme à la surface, ainsi que des aspérités réagissant aux impulsions lumineuses, focalisant l’attention à l’intérieur des limites du tableau. Dans cette œuvre sans titre, sans date, un fond blanc transparaît sous les couches de peinture raclées, donnant l’impression que la lumière ne se dépose plus sur le tableau mais vient de l’arrière de celui-ci; comme dans les différents vitraux qu’elle a réalisés au cours de sa carrière.