Sous un aspect faussement documentaire, les vidéos de Marie Voignier explorent les imaginaires politiques et les utopies où se croisent mythes, faits et récits. En 2012, la vidéaste s’inscrit dans un groupe touristique pour un voyage en Corée du Nord. Sans autorisation et à l’abri des regards, elle y tourne des séquences dans des musées, des ateliers de peinture, des studios de cinéma ou une usine chimique qu’elle visite avec des guides de l’Etat dont on n’entend jamais les voix.
La réalisatrice a coupé le son et re-fabriqué les sons d’ambiance, masquant ainsi volontairement la bande originale. Ce procédé dérangeant souligne l’absence de sens réel des propos tenus et permet au spectateur de se concentrer sur le contexte de la visite. La neutralité des cadrages et l’absence de commentaires de la part de la réalisatrice laissent le spectateur libre d’analyser lui-même les images et de tirer ses propres conclusions sur les conditions de ce voyage en Corée du Nord. Comment une dictature se présente-t-elle à ses touristes ? Quels récits, quels acteurs, quelle mise-en-scène mobilise-t-elle ? Tourisme international pose l’écart entre ce qui se voit, se montre et peut se dire dans un pays en perpétuelle représentation.