Sous le pseudonyme de Cécile Douard, Cécile Marie Augustine Leseine est peintre, musicienne, sculpteure et écrivaine. Elle grandit dans une famille plongée dans l’univers du théâtre qui vit à Bruges avant de s’installer à Mons. Désireuse de se former en peinture, elle est confrontée à l’exclusion des femmes dans les académies. Néanmoins, elle réussit à participer à l’atelier de Jean Portaels (Bruxelles) et devient, avec l’aide de ce dernier, élève libre à l’Académie des Beaux-Arts de Mons (1883-1886) dirigée par Antoine Bourlard qui devient son mentor.
Dans ses peintures, elle veut décrire le Borinage découvert en 1883, le dur labeur des travailleurs et particulièrement celui des femmes. À partir de croquis exécutés sur place, elle réalise des peintures à l’huile, des dessins à la plume et des gravures en atelier. Elle s’inscrit dans le courant réaliste privilégiant un certain idéalisme et se rapproche ainsi de la vision de Constantin Meunier. En 1886, Cécile Douard assiste aux grèves et troubles sociaux qui secouent la Belgique. Fortement marquée par ce contexte, elle cherche dans ses œuvres à cerner la quintessence des hommes et de l’environnement de l’époque. Elle peint également des paysages urbains et gagne sa vie en réalisant des portraits et en donnant des cours de dessin à des membres de la bourgeoisie auprès desquels Antoine Bourlard l’a introduite. Dès 1890, une forme de spiritualité apparaît dans ses œuvres, notamment dans son dernier tableau Le Terril, peint en 1898, où les wagonnets et la fumée qui se dégage du déversement du charbon forment une croix sous laquelle les femmes s’activent au ramassage du charbon.
Cécile Douard perd la vue à l’âge de 33 ans et s’oriente vers l’enseignement, la musique, l’écriture (nourrie de ses nombreux voyages) et la sculpture. En 1921, elle témoigne de sa cécité par le biais de courts récits autobiographiques dans Impressions d’une seconde vie. La même année, elle rejoint la Ligue Braille et prend la présidence de l’organisation de 1926 à 1937. Sur proposition de Camille Huysmans, Ministre des Sciences et des Arts, Cécile Douard reçoit, en 1926, en tant qu’artiste-peintre et en reconnaissance des services rendus à l’Art, la Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold.