De 1976 à 1983, Michel Couturier étudie successivement à St Luc (Ecole Supérieure Des Arts à Liège), La Cambre (Ecole nationale supérieure des arts visuels à Bruxelles) et l’ERG (Ecole de recherche graphique à Bruxelles) la photographie, la vidéo et la sculpture. Au sortir de ses études artistiques, il travaille comme réalisateur pour la télévision et nourrit un intérêt particulier pour la vidéo et le cinéma. De 1986 à 1990, il enseigne la communication à l’Université de Liège. À partir de 1990, il devient professeur de photographie et vidéo à l’Ecole Supérieure des Arts – Saint Luc, à Tournai.
Sa pratique repose sur la photographie mais traite avant tout d’espace et de matière. Les objets qu’il met en scène (draps, rideaux, plumes), entre 1983 et 1985, deviennent des signes, abordent le mouvement et jouent de leurs déploiements qui sont tantôt légers, fluides ou souples. En 1985, ses photographies prises le long d’une plage sont agencés côte à côte afin de sortir du cadre de l’image et créer l’illusion d’un paysage réel. Une autre série de photographies, imprimée sur papier, aborde particulièrement la matérialité de l’image. Il s’agit de fragments de marbre capturés en très gros plan dont l’agrandissement et le cadrage jouent sur le microscopique et le macroscopique. Cette série a été présentée dans la Pavillon belge lors de la Biennale de Venise en 1986.
A la fin des années ’90, la démarche de Michel Couturier quitte un domaine purement formel pour se connecter au monde réel. Il observe ainsi les gestes de gens en rue et représente le corps humain au travers de parties expressives comme la bouche ou le regard. Dans cette lignée, il entame, au début des années 2000, un travail sur l’espace public regroupé sous le nom de Périphéries. Le film de Straub et Huillet De la nuée à la résistance d’après le texte de Cesare Pavese sert de fil conducteur au projet. L’artiste met en scène les parkings de supermarchés aux périphéries de villes sous la forme d’affiches dont certaines prendront place en plein centre-ville dans des panneaux publicitaires. A l’image, il ajoute des extraits de la mythologie et opère un télescopage entre passé et présent. Ce travail interroge l’aliénation et la souffrance au sein de la société de consommation dont le fonctionnement s’appuie sur les principes de liberté et d’existence individuelle. Dans le prolongement de Périphéries, en 2005, l’installation Battre la villemontre la course effrénée de deux jeunes gens dont les silhouettes sont incrustées sur fond urbain alors qu’au sol les visiteurs arpentent un plan. Michel Couturier y interroge la notion de liberté au sein de l’espace public. Ce questionnement se poursuit avec des silhouettes humaines qui sont projetées ou apposées sur les murs de la ville (2005-2006). Dans ce travail comme dans la plupart de ses pièces, l’artiste met en exergue des objets ou des sujets. L’isolement d’un élément privé de son contexte environnant devient une silhouette à appréhender en tant que signe mais révèle surtout sa dimension symbolique voir poétique. L’artiste a ainsi réalisé de nombreux dessins, entamés vers 2007, de pylônes, lampes d’autoroute, panneaux publicitaires ou de signalisation. En 2015, il continue à explorer le champ urbain et travaille sur des zones de passage comme les frontières.