Le nom de Pierre Paulus est indéfectiblement lié au Pays noir et à l’essor de l’industrie minière. Issu d'une famille bourgeoise, il naît dans une famille d’artistes. Très jeune, il suit les cours de son père, sculpteur ornementiste et professeur de dessin à l’Ecole industrielle de Châtelet. Il fréquente l’Université populaire de Marcinelle où se donnent des cours, des conférences et des auditions musicales et théâtrales. De 1898 à 1903, il entre à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il reçoit l’enseignement de Constant Montald. Il étudie ensuite dans l’atelier de Charles Van der Stappen jusqu’à ce qu’une grave maladie le ramène dans sa ville natale. C’est pendant sa convalescence, qu’il choisit de s’orienter vers l’activité industrielle trépidante de Charleroi. Après avoir peint des paysages luministes aux nuances raffinées et à la palette riche influencée du fauvisme, il se tourne vers le réalisme social. Il adopte alors une gamme plus austère et des tons sombres pour ses paysages dont les compositions sont de plus en plus architecturées.
En 1910, Pierre Paulus organise une première exposition de ses œuvres au Cercle artistique de Bruxelles. Il y rencontre Jules Destrée qui, très attiré par ses peintures consacrées au Pays noir, l’invite à participer au Salon d’Art moderne de l’Exposition universelle de Charleroi l’année suivante. Il y présente Jeunesse(1911) qui deviendra une de ses œuvres maîtresses. Ce tableau marque le début de la renommée du peintre, mais aussi de nombreuses commandes. En 1912, il est sollicité pour réaliser le coq hardi, symbole de la Wallonie. En 1913, il reçoit le Prix du Hainaut.
Pendant la Première Guerre mondiale, Pierre Paulus s’exile à Londres. Là, il est fasciné par le traitement de l’atmosphère chez Turner. Il entretient des échanges avec des artistes expressionnistes, comme Constant Permeke également exilé dans la capitale britannique, dont il intègre la synthèse de construction et la force de l’expression. Dès 1918, la couleur explose littéralement dans ses paysages du Sud (Les toits de Bormes, 1918), dans les bouquets de fleurs qu’il réalise durant toute sa carrière (Fleurs, 1913) et dans ses peintures et dessins d’animaux (Les perroquets, 1932). Dans ses paysages industriels wallons, la couleur reste subtile. Passionné par la matière, il travaille au couteau et élabore des nuances grises, parfois jaunes ou bleues, principalement dans les ciels et les fumées des usines sidérurgiques du bord de Sambre.
En 1923, Pierre Paulus illustre l’épopée ouvrière en cinq panneaux monumentaux pour La Maison du peuple de Trazegnies. Dès ce moment, l’ouvrier occupe une place prépondérante dans les tableaux de l’artiste où le paysage industriel s’inscrit en toile de fond. Son intention est de traduire le cœur même d’une région, en associant l’homme à son décor.
En 1928, Pierre Paulus est membre co-fondateur du groupe Nervia avec Anto Carte, Louis Buisseret et Rodolphe Strebelle. Nervia trouve son origine dans la volonté de réunir des artistes wallons. S’ils s’expriment tous au travers de styles divergents, ces artistes manifestent cependant un même penchant pour le néo-humanisme. Le groupe est dissout dix ans plus tard. En 1929, Pierre Paulus est nommé professeur d’art animalier à l’Institut supérieur des Beaux-Arts d’Anvers en remplacement du peintre Gustave van de Woestijne. En 1951, Pierre Paulus est anobli par Baudouin 1er et devient le baron Paulus de Châtelet.