Invitée à exposer au Channel, à Calais, en 1995, Marthe Wéry poursuit son questionnement sur la manière dont son œuvre s’inscrit dans l’architecture. Elle conçoit alors une vaste installation de panneaux de MDF, couverts d’un bleu ciel d’une grande fraicheur, qu’il est possible de reconfigurer en fonction de l’espace d’exposition. Ainsi, pour la seconde présentation, elle choisit de placer les panneaux côte à côte, au sol, appuyés sur le mur et posés sur des tasseaux de bois. Quelques années plus tard, au Musée des Beaux-Arts de Tournai, elle choisit de les déployer largement sur tout un mur. La tension structure/format se joue à l’échelle du bâtiment par les relations que les tableaux nouent entre eux et avec l’architecture.
L’ensemble est ce que l’on appelle aujourd’hui une "partition plastique" (au sens musical du terme) qui doit être réinterprétée à chaque présentation. Marthe Wéry a toujours refusé de "figer" la présentation de ses œuvres dans des protocoles contraignants ; elle préférait garder (ou laisser) la liberté de les "rejouer", chaque fois en fonction du contexte architectural. Comme toute interprétation musicale, la présentation fait l’objet d’une appréciation distincte de l’œuvre.